RESIDENCES 15 - 16
Le Système Puits !
S adore pleurer. Elle scrute ce moment en suspens, avant l’éclat en pleurs, le climax dans lequel l’émotion monte, comme si on observait une connexion s’établir, vers le passé et le futur à la fois, vers un infini, vers les autres, auxquels on se connecte au moment de pleurer car nous avons tous pleuré au moment de naitre. Pleurer ça nous connait. Tous. Elle aime baigner dans ses larmes, qui sont les larmes de tous, inonder les mots et les laisser flotter comme des lettres de céréales dans un bol de lait au petit déjeuner. Elle aime le temps entre deux déversements de larmes où elle sent ses cils collés en petits paquets mouillés et lourdes rangés sur ses paupières. Elle essaye de ralentir au maximum la montée des eaux salées pour identifier ce qui les déclenche. Elle voudrait comprendre la racine des larmes. Mais trop souvent ça la surprend. Comme lorsqu’elle finit « Les années » d’Annie Ernaux sur cette phrase « sauver quelque chose du temps où l’on ne saura plus jamais ». Elle éclate d’un coup, se recroqueville dans le canapé pendant que son chat, se lève, fait un tour sur lui-même et se recouche, à peine dérangé. Sauver ce moment, se souvenir du jour où elle éclatait en pleurs pendant que son chat faisait un tour sur lui-même. Elle regrette de ne pas savoir ronronner comme les chats. Elle se dit qu’elle passerait sa vie à ronronner si elle le pouvait. Alors aussi souvent que possible, elle met son visage dans la fourrure épaisse du chat et attend le déclenchement du bourdonnement sourd qui fait vibrer son crâne. Elle hume son pelage et se rappelle de l’odeur métallique de sang et poils mouillé quand elle venait d’enfanter sa première portée. Le premier rejeton ressemblait à une crotte qui bougeait et la chatte l’ayant remarqué tournait au tour en miaulant. Un miaulement où se mélangeait la panique et une immense fierté qui transperçait. S la rassurait, lui disait, oui c’est toi qui a fait ça ! C’est toi qui a créé un être vivant, tu peux faire ça toi! Et la chatte ne savait ni quoi ni comment faire. 4 crottes qui bougeaient, dans une masse de membranes et tissus gluants plus ou moins transparents, plus ou moins à déchirer pour prendre la première bouffée d’air. C’est à cet endroit qu’on pleure, se dit S. Quand, au moment de quitter l’éau et respirer, on veut sauver cet instant et le corps se contracte pour faire remonter les eaux dans les yeux, pour s’inonder une dernière fois. Mais les chats ne pleurent pas, ils ronronnent. Alors, à défaut de savoir ronronner, S pleure.
Sabina Scarlat, coordinatrice artistique


DAVID ZAMBRANO – PAINTING EXHIBITION/PARCOURS D’ARTISTES
26, 27.09 – 3, 4.10.15
02:00 pm – 06:00 pm
GRATUIT
PROYECTO PRECIPICIO Cie – LUGAR rien n’est à sa place / CIRCUS CREATION
RESIDENCY – 03-11/10/2015
DAVID ZAMBRANO – SAL-TO/CONTEMPORARY DANCE CREATION EVENT
RESIDENCY – 12-21/10/2015
PRESENTATIONS : 22,23,24/10/2015 – 8:30 pm & 25/10/2015 – 4 pm / 12 € / 10 €
ANNA CALSINA & SABINA SCARLAT – UNIFORM STORE/CONTEMPORARY DANCE CREATION
RESIDENCY – 20/10 – 05/11/2015
IN PROGRESS PRESENTATION : 06/11/2015 – 8.30 PM / 5 €
BEN FURY & HAROLD HENNING – THE OLD LOOP/CONTEMPORARY DANCE CREATION
RESIDENCY – 09/11 – 19/11/2015
IN PROGRESS PRESENTATION : 20/11/2015 – 8.30 PM / 5 €
DANIELE ALBANESE – SELACHIMORPHA/CONTEMPORARY DANCE CREATION
RESIDENCY – 22/11 – 07/12/2015
CHRISTMAS CABARET – CIRCUS EVENT
18/12/2015 – 8.30 PM
7€ / Tarif Quartier 5 €
ANNA CALSINA & SABINA SCARLAT – UNIFORME/CREATION DANSE CONTEMPORAINE
RESIDENCE : 21/03 – 05/04/2016
TOMAS DANIELIS – SUITES/CONTEMPORARY DANCE CREATION
RESIDENCY – 11/04 – 15/04/2016
IN PROGRESS PRESENTATION : 15/04/2016 – 6.30 PM